Après les attaques récemment perpétrées dans nos colonnes à l’encontre de son client Badaluc LII, Mestre Pipo Refresco Barral de l'Esturgat, a exigé un droit de réponse. La déontologie nous contraignant à nous plier à cette injonction, voici la missive émanant de celui qui, après la révocation de Mestre Bourrouncut de la Pataniero d’Amount (photo ci-dessous), est désormais l’unique avocat inscrit au barreau du Tataoubas (les statistiques des procès gagnés sont disponibles sur le site Internet de l'étude).
(Archive Carnaval 2012)
« Bien chers tous, citoyens bien-aimés,
En ces temps perturbés, vous comprendrez aisément que je n'avais pas prévu de rédiger le traditionnel discours de bienvenue pour sa majesté Badaluc LII, ni de préparer l'inévitable plaidoirie à son endroit. Mais, l'horrible pamphlet de Mestre Dolentizo, publié le 5 avril par la presse locale, m'oblige à sortir de ma réserve.
En effet, sans aucune provocation de la part de mon client, le procureur (à vie) du tribunal de Tataoubas s'est permis d'attenter à la réputation de notre hôte et s'est rendu coupable, à mes yeux, d'une agression sans précédent. Mestre Dolentizo accuse notre prochain invité d'avoir peur, mais c'est en fait le contraire qui se passe !
A l'image du « Mustela Putorius », autrement appelé furet ou « putois », qui active sa glande lorsqu'il se sent menacé, le procureur attaque avant de savoir. Comme le putois, notre procureur est solitaire, discret et furtif. Le jour, il se confine dans des cavités ou dans des terriers. Craintif, il projette sa prose nauséabonde par des diffusions très précises à plusieurs mètres. L'odeur est si forte qu'elle peut être portée par un média jusqu'à plusieurs kilomètres. Je vous le dit tout net : Dolentizo est un putois qui cherche à marquer son territoire !
Chalabrois, Chalabroises, vous l'avez compris. Si Badaluc LII ne se présentera pas au rendez-vous des 11 et 12 avril prochains, c'est uniquement parce qu'il respecte rigoureusement les consignes gouvernementales de confinement. Il est exemplaire dans son comportement lors de cette crise sanitaire et, comme moi, Dolentizo devrait applaudir à sa fenêtre !
Les enfants ont été les premiers stupéfaits à l'annonce de la nouvelle
Je vous assure que Badaluc regrette d'avoir dû annuler son séjour, vous le comprenez. D'autant plus que, s'agissant d'un illustre savant de Marseille, disposant d'un réseau d'influence très important, sa majesté aurait pu apporter énormément de bienfaits à notre Quercorb. Voici un avant-goût.
D'abord, le développement d'un médicament miracle contre le coronavirus est en expérimentation dans son laboratoire. Élaboré à partir d'un mélange de Suze et de Schweppes tonic (les proportions sont conservées secrètes), l'antidote promet des résultats effarants notamment grâce à l’interaction provoquée entre l'extrait de gentiane de la Suze et les molécules de quinine contenues dans le soda. Une expérimentation pratiquée sur une colonie de pangolins malades montre que ces animaux optent systématiquement pour la Suze tonic plutôt que l'eau qui leur est proposée dans l'autre gamelle. C'est encourageant.
Ensuite, afin de compenser l'absence de maison de santé sur notre territoire, Badaluc prévoyait de faire appareiller le porte-hélicoptère « Lo troneire » à la digue du lac. Transformé en hôpital flottant, le bâtiment pourrait accueillir jusqu'à 130 malades. Pour cela, il faudrait simplement relever un peu le niveau de l'étang pour garantir un tirant d'eau suffisant au pied de la digue. Simple et efficace.
Enfin, la relance industrielle était promise pour notre village. En effet, le dossier de création de la société anonyme « P.Q. SA » (Papiers du Quercorb) ayant été déposé auprès du Tribunal de Commerce de Méric, Badaluc aurait pu envisager sans retard l'édification d'une usine de fabrication de papier toilette sur le terrain du stade (lequel ne sert plus à rien, puisqu'il n'y a plus de matches). Un renouveau industriel qui provoquerait, selon les simulations faites par le ministre de l'économie, à qui l'on peut faire une confiance aveugle, un rebond important du PIB de la commune.
Voilà tout ce que Badaluc aurait pu faire pour Chalabre, et Mestre Dolentizo se permet tout de même des critiques ! Je vous laisse juges de son comportement qui justifie, selon moi, une sanction exemplaire de la part du président du tribunal (qui reste étonnamment muet dans ce débat d'ailleurs !).
Enfin, par pudeur, je ne souhaite pas revenir sur l'attaque personnelle dont j'ai été victime à la fin de la lettre du procureur. Je lui souhaite de rester en parfaite santé et, pour cela, qu'il reste con fini à son domicile jusqu'à la fin de la pandémie ».
Rien ne va plus pour le chauffeur de sa majesté